Nous Autres

Déc 2018 – Mai 2019

Selon Judith Butler, dans Trouble dans le genre (1990), l’idée d’une constance et d’une cohérence de la personne sont des normes d’intelligibilité socialement instituées et maintenues. Nos sociétés occidentales pensent l’identité comme une substance, fixe, cohérente et immuable dont le genre serait un élément central dans l’intelligibilité des êtres. Mais alors : si l’identité est fixée par des concepts stabilisants, dont le genre ou le sexe feraient partie, alors l’idée même de personne, d’identité serait mise en cause si le genre marquait les êtres de manière incohérente et discontinue.

A travers l’exemple du genre et des pratiques drag ou de travestissement, j’ai souhaité mettre en valeur le potentiel d’action du corps dans ses représentations et la dimension performative et théâtrale de l’identité, pouvant permettre aux individus de renverser les normes établies socialement tout en nous questionnant sur notre propre rapport au travestissement. Ne sommes-nous pas, au fond, tous travestis ?

Par l’attitude, la pose, les vêtements, les accessoires, le maquillage, j’ai souhaité réinvestir des codes de représentation ancrés culturellement, hérités en partie de la peinture de cour, en insistant sur la question du motif et de la couleur. La réalisation des portrait s’est faite dans une réelle collaboration avec les modèles, en ce qui concerne notamment le choix des tenues, leur cohérence avec le fond et les codes de couleurs. Le dispositif et les prises de vues ont également été réalisés chez eux, dans leur espace intime.