Oct 2018 – Janv 2019
Timidement, je lançais un appel à participation. Je cherchais des femmes porteuses de cicatrices, de traces sur leur peau, qui accepteraient de me raconter leurs histoires, de me montrer leurs marques et de me laisser les prendre en photo.
J’avais pour souhait de recueillir leur parole et de photographier leur corps, sans visage, pour préserver leur anonymat et laisser parler leur peau ; car c’est de leur peau que ces femmes m’ont parlées ; de ce lien parfois si mince entre nos corps et l’extérieur, qui impose ses normes, ses attentes, et biaise nos jugements.
Les corps féminins lisses des publicités n’existent pas. Ils sont soumis, comme tous les autres, au vieillissement, à la maladie, aux accidents ou à des interventions sur lesquelles nous n’avons pas de prises. Ces événements laissent des traces, corporelles et mnésiques qui se répondent et évoluent parallèlement ou dans la discontinuité.
Les femmes que j’ai rencontrées m’ont permis de pénétrer leurs espaces intimes : leur foyer ou leurs souvenirs. J’ai écouté leurs récits tantôt douloureux, anodins ou positifs. J’ai recueilli, par la photographie et l’écriture, des traces de leurs traces, des mémoires de leurs mémoires.